« Nestlé Waters a enfreint en France la réglementation pour maintenir la sécurité et la minéralité de ses eaux », peut-on lire dans Les Echos. On comprend donc que les autocontrôles pratiqués par les entreprises ont révélé des irrégularités. Les eaux en bouteille ont pourtant été mises sur le marché.
Par ailleurs, le groupe Alma, qui commercialise les marques Cristalline, Saint-Yorre ou encore Vichy Célestins, se serait lui aussi adonné à des pratiques qualifiées de « frauduleuses » par la Répression des fraudes. L’entreprise aurait coupé ses eaux minérales avec de l’eau du robinet, utilisé des traitements non conformes pour décontaminer l’eau de ses sources minérales, ajouté du gaz industriel ou injecté du sulfate de fer dans ses eaux minérales, désinfecté l’eau à l’ozone, ou encore filtré de l’eau aux UV. Ces pratiques, interdites pour traiter les eaux les plus pures, sont constitutives de manquements à la réglementation.
« Les réglementations existent pour protéger les consommateurs et les acteurs du marché. Aucune multinationale n’est au-dessus des lois. Or, il semble que des entreprises aient préféré contourner la loi pour continuer à écouler leurs produits. Nestlé nous a malheureusement déjà habitué à ces dérives lors du scandale Buitoni. Nous demandons aux autorités publiques, censées protéger les consommateurs, de nous expliquer comment elles ont pu permettre cela », commente Ingrid Kragl, directrice de l’information de foodwatch.
Tous les ingrédients des scandales précédents semblent malheureusement ici réunis : une opacité qui n’a été brisée que grâce au courage de lanceurs d’alerte ou journalistes d’investigation, des entreprises qui contournent la loi, des consommateurs trompés sur les qualités substantielles de produits en lesquels ils avaient confiance. Pour foodwatch, il faut de toute urgence changer le système qui permet à ces scandales de se répéter avec le même schéma. La protection des consommateurs doit être une priorité de nos décideurs.
foodwatch, avec des dizaines de milliers de signataires à sa pétition, réclame donc la transparence : pendant combien de temps ces produits non-conformes ont-ils été commercialisés ? En quelle quantité ? Où ? Hors France également ? Par qui ? A quand des sanctions exemplaires ? Et enfin, qu’ont révélé les contrôles menés par les entreprises et les autorités dans cette affaire ?
A l’échelle européenne, foodwatch, présente dans plusieurs pays, soulève également la question du rôle de l’Etat. « La réglementation oblige les autorités à notifier l’Europe de toute dérogation accordée à une entreprise. D’après nos informations, la France n’a pas informé les autorités européennes ni les autres Etats membres qui ont potentiellement importé ces eaux décontaminées ».